Tes pas quittent le bar où ta carcasse travaille. T’as pas envie de rentrer chez toi. T’as pas envie de te retrouver entre quatre murs. T’as envie d’aller te blottir dans les bras de ton frère. De ton grand frère. T’as envie de rentrer sous sa couette. De te caler contre lui et dormir en paix. Mais t’ne peux pas. T’ne peux pas, car la couverture de ton grand frère n’est qu’un tas de terre depuis deux ans maintenant. Il n’est plu. Et une partit de toi n’est plu. Une partit de toi a disparu avec lui ce jour-là. Ce jour où il t’a quitté si subitement. Pourquoi. Pourquoi a-t-il pris ses décisions là ce soir-là. Ces soirs-là. Pourquoi t’as-t-il quitté si brusquement. Pourquoi étais tu passée par cette rue cette nuit-là. Son corps. Froid et sans vie. Tu t’en souviens encore. Deux ans après, cela t’empêche de dormir encore. Aucunes de tes nuits n’est douce. Aucunes de tes nuits t’offrent de beaux rêves. Et maintenant. Comme si la vie n’était pas assez difficile. T’tombes amoureuse de lui. Le meilleur ami de ton grand frère. Celui qui ne s’en est sorti qu’avec des cicatrices. Il aurait dû mourir à la place de Liam. Mais aujourd’hui t’en ai amoureuse. T’le détestes autant que t’l’aimes. Et non, ce n’est pas finit. Comme si ce n’était pas assez. T’avais ce p’tit être qui poussait en toi. Qui grandissait sous ton nombril depuis trois mois. Trois mois qu’il était là, grandissant, se formant. T’as rien d’une mère. Ta vie n’a rien à offrir à un enfant. Et pourtant t’assumes. T’l’assumes comme Jamie assume. Une partie de toi le désire cet enfant, et l’autre partie en est terrorisé. Bientôt s’en que tu t’en rendes comptes. Tes pieds foulent la terre sale du cimetière. Là où repose ton frère. Tes fesses vinrent se poser sur ce sol crasseux. Salissant tes vêtements. T’en as que faire. T’parles. T’parles. De tout. De rien. De ce gamin. Est-ce un signe de lui. Un signe qui te montre que t’dois être avec Jamie. Un cadeau. Un cadeau empoissé. Ou pas. T’es juste pommé. Perdue. Les minutes passent. Les heures peut être ? Ton portable entre tes mains. Horloge qui affiche six heures du matin. T’as pas dormi. Ton p’tit corps vint se poser sur cette terre. Yeux rouges d’avoir verser quelques larmes. Sms envoyé. T’as pas la force de retourner chez toi. T’as besoin de quelqu’un. T’as besoin qu’on t’aide un peu. Qu’on t’écoute. Tes yeux se ferment doucement. T’emportant quelque part. T’ne sais où. Une sensation qu’on te touche. Une voix qui te parvient. Tes yeux qui s’ouvrent. Un sourire fugace qui se dessine. Ton corps qui se redresse doucement. T’sais même pas combien de temps est passé. Une minute ? Dix ? Une heure ? Deux heures. Qu’importe. Il est là. Tes bras qui entourent son cou. « merci d’être venu…. ». Murmure dans son oreille. Christopher. Ton double. Ton confident. Un de tes plus fidèles amis.

T’étais là allongé. En ce lieu. Ce lieu que tu haïssais au plus profond de ton être. Ce lieu où ton grand frère dormait. Où Liam reposer. Difficile. Chaque seconde sans lui est difficile. T’te souviens encore des sirènes.  De ce corps sans vie. T’n’y croyais pas au début. Non c’était pas possible. Impossible. Comment était-il possible que ton grand frère. Celui qui t’as toujours dit que tout allait bien. Il ne pouvait pas partir ainsi. Alors ce soir. T’étais allongé sur ce sol crasseux. Ce sol humide. Tes yeux se fermant sur ta triste vie. Tes tristes pensées. Pourtant t’te dois d’être forte. Forte pour les gens qui sont autour de toi. Forte pour ce p’tit être qui grandit sous ton nombril. Pour lui. Pour lui t’dois l’être. Forte. Cacher tes faiblesses. Tes saletés de faiblesse. Tête haute. Cheveux arc-en-ciel. Sourire. Tout va bien. Image que t’renvois. Mais rien ne vas. Le temps passe. T’ne sais combien depuis ton sms. Notion du temps oublié. Présence rassurante. Chaleur humaine. Sécurité. Sentiment de sécurité. De réconfort. T’avais besoin de ça. De cette présence-là. Des mots qui percutent tes oreilles. Des mots dont t’avais besoin. Besoin d’entendre. Ses doigts qui sèchent tes larmes. Tes perles salées. Il essaye de te faire rire.  Comme il sait faire. Pour lui faire plaisir. Brièvement. Ton rire résonne en ce lieu macabre. Bref. Disparaissant si rapidement avec la brise nocturne. Murmure. Peur de briser ce silence. Ce silence délicat. « j’veux bien goûter un de tes plats… ». T’avais même pas remarqué à quel point t’avais faim. Vous étiez deux maintenant à manger. Et t’avais terriblement besoin de ce moment avec lui. Vraiment. Vous deviez aussi un peu parler tous les deux. De toutes ses choses qui peuvent arriver en ce moment. T’as aucun secret aucun. Et lui non plus. Tes fesses quittent le sol poussiéreux. Equilibre incertain. Ta main sur son avant-bras, afin de trouver l’équilibre qui te manque. Un baiser sur sa joue délicatement déposé. Nouveau murmure. « heureusement que t’es là….j’serais vraiment perdue sans toi ! ». Au fond t’l’es pommé. Un peu. Mais avoir cette  présence te rassure et te sécurise.