A man is not complete until he has seen the baby he has made.

Cigarette au coin des lèvres,  tu regardes la pancarte de la devanture du magasin. Ta simple présence fait tâche devant les vitrines roses et bleues pastels. Ton t-shirt à manches courtes laisse apparaître les tatouages encrés de tes avant-bras. Chacun possède une signification qui leur est propre, une signification bien particulière. Ce ne sont pas que des dessins éternels à tes yeux. C’est beaucoup plus que ça. Ce sont des instants de ta vie, des souvenirs, un deuil que tu n’as jamais fait. Les mots écrits sur tes phalanges lui sont destinés. A ce frère. Cet homme qui faisait partie de ta vie depuis ta plus tendre enfant. Ce même homme que tu n’as pas su protéger. Une vie contre une autre. Le frère de Sarah pour votre progéniture. Love Life. Tu vis pour lui. Tu vis pour deux. Un soupir s’échappe de tes lèvres. La semelle de ta chaussure vient écraser ton mégot encore fumant, et tu entres à l’intérieur de la boutique. Tu passes une main dans tes cheveux. Ton regard fait le tour du magasin, aucun vendeur à l’horizon. Nouveau soupir. Tu traverses les rayons, totalement perdu. T’aimerais trouver quelques vêtements pour ton. Ton futur enfant. Cette idée n’est pas encore parfaitement assimilée. T’as encore du mal à croire que dans seulement quelques mois, ta vie va prendre un tournant différent. Tu décroches un cintre et regardes le petit vêtement. Ça te paraît bien trop grand, ou alors est-ce trop petit ? T’en sais rien. Bordel. T’aurais pas dû venir ici tout seul. La mère de Sarah aurait sûrement accepté de t’accompagner, t’aurait conseillé, aurait choisi selon les goûts de sa fille. Mais t’es incapable de leur demander quoique ce soit. T’as pas le droit de le faire. Tu secoues la tête pour chasser ces idées. Tu es seul dans ce magasin et il est hors de question de partir les mains vides. T’as envie de surprendre la futur maman, lui montrer par tes actes que tu peux assumer les conséquences de vos rapports ambiguës. Tu reposes ce qui semble être un pyjama dans le rayon. Tu ne sais même pas de quoi un bébé a réellement besoin. Tu te grattes le sommet du crâne et lâches un autre soupir. « Putain… » Tu piétines dans les allées.