Je piétine. Je tapote. Je m’ennuie. À mourir. J’ai déjà fait le tour du quartier trois fois. Je me suis baladée, j’ai fait les courses, la seule chose que je n’ai pas encore fait est chiante au possible : défaire mon sac et lancer une machine. Je soupire, me jetant dans le canapé sans la moindre motivation. La vie de tous les jours est ennuyeuse. Je me sens seule. Je suis en plein bad, c’est le cas de le dire, et j’ai du mal à croire que je vais réussir à tenir en place avant un nouvel album. Alors, je tourne, je retourne, et j’ai la flemme.

Bref, je m’ennuie. Je soupire longuement, cri de désespoir de mon corps déjà en manque de sensations. Je me retrouve seule dans ce studio miteux que je loue uniquement pour son prix défiant toute concurrence. Parce qu’après tout, je ne suis jamais dedans. Je passe plus de temps dans un bus que chez moi et vu la dépression que je me tape quand je rentre, je crois que ce n’est pas plus mal.

- Bouge ton cul, Claire.

Je marmonne toute seule, cherchant le courage dans les insultes. Me persuader que je ne suis qu’un gros tas ne m’aide pas à me motiver mais je me lève quand même. Moins je bougerai, plus je déprimerai. Scientifique. J’ouvre mon sac et je balance toutes mes fringues dans la machine sans aucune conviction. Je m’allume une clope. Deux clopes. J’invente des chansons paillardes à la guitare. Trois clopes. Je pose la guitare et je sors mon instrument de prédilection, je joue un peu, je me trouve ridicule. Quatre clopes. Je zappe la télé. Je l’éteins, c’est ridicule. Long soupir, encore.

Machine terminée, sèche-linge pareil, je sors le bordel, je le trie. Pas que j’aurais dû penser à le faire avant, mais tant pis. Y’a un t-shirt qui ne m’appartient pas, là-dedans. Et après réflexion, je crois qu’il appartient à Duncan. Opportunité. Je n’y vois là qu’une opportunité d’arrêter de me faire chier comme un rat mort et de renouer un peu avec mon job. Comme si ça faisait des plombes qu’on s’était quittés alors que ça faisait moins d’une semaine.

Hey, ça te dirait de passer à la maison ? T’as oublié un t-shirt dans mon sac. Ciao. Claire.

Je regarde l’écran quelques secondes. Depuis quand je fais dans le chichi ? Fronçant les sourcils, je rectifie :

Y’a un de tes t-shirts chez moi. A plus.

Beaucoup mieux. Plus qu’à espérer qu’il se fasse autant chier que moi… Pas sûr. Il retrouvait sa famille, au moins. Il avait du monde à voir.

Je zappe à nouveau. Cinq clopes…