What did we do ?
 

De toute ma vie, je ne me souviens pas de m’être déjà saoulé à ce point. La soirée avait pourtant débuté d’une façon tout-à-fait normale, comme presque toutes les autres : une fois les chiens promenés et Aaron mit au lit, j’avais décidé d’allumer l’ordinateur pour jeter un coup d’œil aux dernières informations, mettre à jours les dossiers des clients à quatre pattes rencontrés au cours de la journée et ensuite éventuellement discuter avec quelques amis avant d’aller me coucher. J’avais à peine eu le temps de faire les deux premières tâches que la sonnette de la porte d’entrée avait retenti dans tout l’appartement, me faisant comprendre que ma soirée ne se déroulerait pas comme prévu. Je n’aurai pas pu penser plus vrai : Aaron, réveillé en sursaut, s’était mit à hurler ; les chiens à aboyer… et il avait fallu plus d’un quart d’heure pour que tout ce beau monde se calme une fois qu’Eden fut entrée. Je me revois tenter de calmer mon fils, le remettre au lit où il se rendort presque dans la minute. Je me souviens aussi de la mine déprimée d’Eden, probablement venue à la suite d’une énième crise. Mais le reste de la soirée reste un véritable trou noir, et ce même si je tente désespérément de m’en souvenir de toutes mes forces.

Durant un bref instant, je tente d’ouvrir les yeux pour tenter d’apercevoir ne serais-ce que l’heure affichée sur l’écran du radioréveil, mais je déchante bien vite : mon mal de crâne est bien trop présent et intense que pour affronter la lumière du jour pour le moment. Je soupire, me maudissant mentalement de m’être laissé aller à boire sans même en connaître réellement la raison, et je me pose un instant la question d’appeler ou non ma meilleure amie pour qu’elle s’occupe du petit aujourd’hui. Je n’ai pourtant pas l’occasion de m’éterniser sur cette pensée, réalisant que l’autre côté du lit venait de… bouger ? Je me fige instantanément, conscient que ça ne pouvait pas venir de moi. Une boule de stress remonte dans ma gorge lorsque je sens un pied frôler le mien, et je n’ai même plus besoin de me souvenir de quoi que ce soit ou de tenter d’ouvrir à nouveau les yeux pour comprendre ce qu’il s’est passé la veille.

Je tente de trouver quelque chose d’à peu près utile et intelligent à dire mais mon cerveau semble avoir décidé de me priver de toute dignité depuis quelques heures déjà, et je ne parviens à articuler qu’une seule phrase, extrêmement clichée par ailleurs.

«  Tu te souviens de quoi, toi … ? »